Redonner son ambition au TTIP

MADRID – Il y a trois ans, les États-Unis et l’Union européenne amorçaient les négociations autour du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP), et formulaient la promesse de franchir la ligne d’arrivée des négociations avec « un seul plein d’essence ». Or, les discussions s’opèrent actuellement sur la réserve de carburant, à l’heure où certaines critiques gagnent les deux camps, et où la fenêtre d’opportunité politique propice à un accord se referme rapidement.

Les obstacles apparus en travers des négociations sur le TTIP ne se limitent pas à l’accord lui-même. Ils sont le reflet d’une plus large tendance – laquelle exige de repenser fondamentalement l’approche dominante appliquée aux accords sur le commerce et le libre-échange.

Ce n’est un secret pour personne, l’opposition aux accords de ce type a gagné en puissance ces dernières années. Aux États-Unis, les deux candidats probables à la présidence – la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump – ont adopté des points de vue d’opposition au libre-échange, Trump préconisant une approche mercantiliste jamais observée dans le débat politique américain depuis l’entre-deux-guerres. Par ailleurs, il semble de moins en moins probable que le Partenariat transpacifique, négocié par les États-Unis auprès de 11 pays de la ceinture du Pacifique, reçoive l’approbation du Congrès.

Les acteurs politiques d’Europe suivent eux aussi la tendance des électeurs, en se retournant contre le TTIP. Le président français François Hollande a notamment accentué son opposition face à cet accord, à l’approche des élections présidentielles de l’an prochain. Le soutien au partenariat s’est en réalité fragilisé dans une telle mesure que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, lors du Conseil européen de ce mois-ci, a appelé les dirigeants concernés à réaffirmer leur engagement autour de ce projet.